Histoire de Drouvin-le-Marais

Drouvin-le-Marais

Son nom et son origine :

Le nom Drouvin dérive du celtique dru (chêne) et wan (demeure), suggérant une connexion avec la nature et, selon les traditions, un établissement druidique dans cette région jadis couverte de forêts. Ce territoire possédait encore en 1695 des bois d’une grande étendue.

 

Son Blason :

Le blason de Drouvin-le-Marais est décrit comme ceci :

« Fascé d’or et d’azur de huit pièces, à la bande d’argent brochant sur le tout. »

Les temps ancestraux

Vestiges préhistoriques

Depuis des temps très anciens, notre région fut habitée. C’est ce que prouvent les vestiges préhistoriques exhumés dans des localités très proches de Drouvin le Marais. Le dépôt le plus intéressant est certainement celui de Vaudricourt.

Au siècle dernier, les ouvriers occupés à  l’extraction du silex au plateau dit « Les Montagnes », trouvèrent à 4 mètres de profondeur des haches, des pointes, des flèches, des grattoirs et une magnifique flèche de silex.

D’autres vestiges de cette lointaine époque furent mis à jour à Béthune: harpon barbelé en silex (conservé au British Muséum), Beuvry, Labourse, Labuissière etc…»

Après la colonisation de la Gaule par les armées de César, les Romains améliorèrent les routes gauloises et rectifièrent leur tracé. Une de ces voies romaines  existe toujours aujourd’hui, c’est « la chaussée Brunehaut ». Elle relie Arras (Némétacum)  au littoral en passant par Thérouanne (Tarvenna).

Mais une autre voie romaine passait certainement à DROUVIN ou dans les environs très proches. Elle reliait Arras au poste militaire romain du Mont Cassel (Mont Ménarianum) en passant par Aix, Noeux, Drouvin, Béthune.

MOYEN AGE & SEIGNEURIE DE DROUVIN

Les textes sont repris d’après des ouvrages rédigés en vieux Français: ne soyez donc pas surpris des orthographes ou termes utilisés !

  1. Organisation féodale
    En même temps que s’élevaient les châteaux forts dans notre région et ailleurs, l’organisation administrative du pays était modifiée.

    A la fin du 12ème siècle, l’Artois fut divisé en Châtellenies. Notre région comprenait alors :

    1. a) La Châtellenie de Béthune, mouvante du Comté d’Artois avec les paieries d’Allouagne, Carency, La Fosse, Le Pacault, Le Brûle, Auchel, Drouvin, Coupigny, Marais-l’Avoué, Hesdigneul, Hingette, La Beuvrière, Robecq, Sallau.
    2. b) Les Châtellenies de Beuvry et de Chocques
    3. c) La Châtellenie et Comté de Lens, le Comté de Harnes
    4. d) La Châtellenie de Lillers
    5. e) La Châtellenie de Saint-Venant
    6. f) La Châtellenie d’Epinoy

     

    Une Châtellenie, d’après l’Histoire du Pas de Calais (ouv. Cité) était une circonscription constituée autour d’un château-fort du comte, et le centre à la fois administratif, militaire, judiciaire et économique. Le château était la résidence du châtelain qui avait pour mission de rendre justice au nom du comte avec l’aide d’un banc d’échevins et de faire exécuter les sentences, de convoquer à la guerre les hommes valides, de lever les impôts.

    «…. Le premier  seigneur connu de Béthune apparaît vers l’an mil, il se nommait Robert comme tous ses successeurs du 11ème siècle et était avoué de Saint Vaast…»

    «…Drouvin : château avec donjon entouré de fossés, disparu (Harbaville)»

    Référence: Béthune premier arrondissement de France par E. BOYAVAL.

     En 1250 nous trouvons mentionnés comme pairs du seigneur de Béthune, le sire de Drouvin, et comme ses hommes liges : Pierre et Jean de Drouvin.(l)

    Dans la transaction qui intervint en 1403 entre le duc de Bourgogne et Guillaume de Namur sur certaines difficultés qui s’étaient élevées au sujet de l’échange de la seigneurie de Béthune, Galet d’Acquembronne et Jean de Houchin sont cités avec le seigneur de Drouvin, comme tenant dans ce village des terres en pairie, et Jean de la Tourelle et Poppelin de Monchi comme possesseurs de fiefs.(2)

    Plus tard, la seigneurie et pairie de Drouvin devint la propriété de la famille de Harbacq ; la fille de Florent, seigneur de Drouvin apporta en dot ce domaine à Georges de Nédonchel, seigneur d’Hannes-camps.(3) (ils vivaient en 1560) et leurs descendants le possédèrent jusqu’au milieu du 17ème siècle.

     Sources:

    (1) Histoire de la ville de Béthune par le comte A. d’Héricourt

    (2) Archives Nationales P. 2550

    (3) voir la généalogie des Nédonchel par Laîné, branche des barons de Bouvigny, à la bibliothèque de l’Arsenal de m. 243 et aux archives nationales le carton F. 2046 et 2047, qui contient de nombreux dénombrements fournis par les de Nédonchel et les de Bacquehem.

     En 1666, par son mariage avec Marie Jeanne de Nédonchel, Jean François de Bacquehem, seigneur du Liez, devint seigneur de Drouvin et propriétaire du château. Une partie de ce domaine fut adjugée le 24 octobre 1725 par décret du conseil d’Artois à Chrétien Contran

    dont les descendants servirent le dénombrement de cette pairie concurremment avec les de Bacquehem.(l)

    Le propriétaire de cette seigneurie avait la justice vicomtière.(2)

    Quant au fief et pairie de Drouvin, il demeura dans la famille des de Houchin, seigneurs d’Annezin, jusqu’au mariage de Claire Eugénie avec le comte de Roquelaure qui en était encore propriétaire lors de la révolution.(3)

    Ces seigneurs avaient, à cause de leurs fiefs, justice vicomtière, et on voit qu’en 1460, ils entretenaient à Drouvin un bailli pour maintenir leurs droits.(4)

    Il existait au 15ème et 16ème siècle d’autres fiefs à Drouvin, mais leur peu d’importance ne nous permet d’en faire l’histoire, et ils ont été presque tous réunis aux deux principales seigneuries dont nous venons de parler. (5)

    Nous croyons toutefois devoir signaler celui que les hospitaliers de Haut-Avesnes possédaient dès 1429 au Mont-Fendu. (6)

    Sources :

    (1) Archives nationales, p 2056

    (2) Arsenal, M 243

    (3) Voir pour la généalogie des seigneurs d’Houchin : recueil généalogique des familles originaires des Pays-Bas ou établies, par Colonia Rotterdam 1775-1779 2 vol. in-8

    (4) Bibliothèque d’Arras, m.291 mémoires généalogiques sur la Flandre et sur l’Artois. Lepez, t. 11, P. 185

    (5) Nous citerons toutefois les dénombrements servis par Colart Grault (1383), Robert Grault (1507), Charles de Warlincourt (1509), Nicolas le Borgne (l5l6) – (Etat des reliefs des fiefs tenus du roi à cause de son château de Béthune, Arch. de Lille)

    (6)Archives Nationales S 5920.

     Lexique :

    Homme lige : petit seigneur entièrement dévoué à son suzerain.

    Pair, Pairie :  seigneurie dépendante d’une autre plus importante.

    Bailli : agent d’un seigneur chargé à partir du 12ème siècle de fonctions judiciaires.

    Avoué : gardien protecteur des abbayes, des monastères.

     Références: «Dictionnaire historique et archéologique du Pas de Calais»

     

  2. Béthune à cette époque

    Béthune fut jadis le siège d’une importante châtellenie. Les seigneurs de Béthune, de Robert Ier à Robert VII le Roux, eurent pour armes des bandes d’or sur champ d’azur. C’est après le mariage de Mahaut de Termonde avec Guillaume II qu’ils adoptèrent les armoiries des seigneurs de Termonde : d’argent à la fasce de gueules.

    La ville les reprit le 20 décembre 1703, choix renouvelé par lettres patentes royales en 1816. La seigneurie, donnée en gage à la Couronne, fut cédée à la comtesse d’Artois en 1311. La ville fut définitivement réunie à la France avec l’ensemble de l’Artois par le traité des Pyrénées en 1659.

    Le plus illustre des seigneurs de Béthune fut Maximilien, baron de Rosny, puis duc de Sully, le grand ministre d’Henri IV.

 

PRESENCE D’UNE MALADRERIE A DROUVIN AU MOYEN AGE

Références   « Béthune 1er arrondissement de France » par E. Boyaval

L’église au Moyen-Age adoucit bien des misères et des souffrances. Une maladie terrible qui faisait des ravages aux  12ème et 13ème siècles, à l’époque des croisades, était la lèpre. Cette maladie ne disparut progressivement qu’au 15ème siècle. Pour recueillir les lépreux repoussés par tous on ouvrit des établissements spéciaux appelés maladreries ou léproseries. On signale de tels asiles dans les localités suivantes : Aix-Noulette (1234), Béthune (13ème siècle), Chocques (13ème siècle, réunie à l’hôpital de Lillers), Douvrin, Drouvin, Givenchy-lés-La Bassée, Hénin-Liétard (1170, réunie à l’hôpital d’Hénin en 1693), Hulluch (11ème siècle, réunie à l’hôpital de La Bassée), La Couture (13ème siècle), Lillers (13ème siècle, réunie à l’hôpital de Lillers), Noeux, Vendin-le-Vieil, Vermelles, Verquigneul et Verquin.

 Une interprétation possible du nom de la Rue du Bois Villain pourrait être due à la présence de cette maladrerie dont les malades pouvaient être considérés comme des « Vilains ».

À partir du 12e siècle, Drouvin était intégré dans l’organisation féodale du comté d’Artois, un vaste territoire divisé en Châtellenies, dont celle de Béthune, la plus proche, incluait plusieurs localités comme Drouvin, Auchel, Coupigny, et d’autres.

Une Châtellenie (d’après l’Histoire du Pas de Calais, ouv. Cité) était une circonscription constituée autour d’un châteaufort du comte, et le centre à la fois administratif, militaire, judiciaire et économique. Le château était la résidence du châtelain qui avait pour mission de rendre justice au nom du comte avec l’aide d’un banc d’échevins et de faire exécuter les sentences, de convoquer à la guerre les hommes valides, de lever les impôts.

Les seigneurs de Drouvin étaient des vassaux du seigneur de Béthune, et l’histoire mentionne plusieurs seigneurs de cette lignée au fil des siècles :

  • En 1250, Pierre et Jean de Drouvin sont cités comme hommes liges du seigneur de Béthune.
  • En 1403, le seigneur de Drouvin apparaît dans une transaction importante entre le duc de Bourgogne et Guillaume de Namur.
  • Plus tard, la seigneurie de Drouvin passa à la famille Harbacq, puis à celle de Nédonchel au 16e siècle, avant d’être acquise par la famille de Bacquehem en 1666, lors du mariage de Jean François de Bacquehem avec Marie Jeanne de Nédonchel.

Les seigneurs de Drouvin avaient des droits de justice vicomtière, un pouvoir judiciaire qui leur permettait de rendre justice sur leurs terres

sources : 

  • Histoire de la ville de Béthune par le comte A. d’Héricourt 
  • Archives Nationales P. 2550 
  • voir la généalogie des Nédonchel par Laîné, branche des barons de Bouvigny, à la bibliothèque de l’Arsenal de m. 243 et aux archives nationales le carton F. 2046 et 2047, qui contient de nombreux dénombrements fournis par les de Nédonchel et les de Bacquehem.

 

Autres Éléments Historiques :

Au XVe et XVIe siècles, d’autres fiefs existaient à Drouvin, bien que de moindre importance. Par exemple, les hospitaliers de Haut-Avesnes possédaient un fief au Mont-Fendu dès 1429. Toutefois, ces terres furent progressivement absorbées par les seigneuries plus puissantes de la région.

La seigneurie de Drouvin continua d’exister jusqu’à la Révolution française, lorsque les changements sociaux et politiques bouleversèrent l’organisation féodale traditionnelle. Le fief de Drouvin resta dans la famille des de Houchin jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

sources : 

  • Archives nationales, p 2056 
  • Arsenal, M 243 
  • Voir pour la généalogie des seigneurs d’Houchin : recueil généalogique des familles originaires des Pays-Bas ou établies, par Colonia Rotterdam 1775-1779 2 vol. in-8 
  • Bibliothèque d’Arras, m.291 mémoires généalogiques sur la Flandre et sur l’Artois. Lepez, t. 11, P. 185 
  • Nous citerons toutefois les dénombrements servis par Colart Grault (1383), Robert Grault (1507), Charles de Warlincourt (1509), Nicolas le Borgne (l5l6) – (Etat des reliefs des fiefs tenus du roi à cause de son château de Béthune, Arch. de Lille) 
  • Archives Nationales S 5920.

 

Présence d’une “maladrerie” à Drouvin au cours du Moyen-âge :

Au Moyen Âge, l’église apportait un certain soulagement aux nombreuses souffrances et misères de l’époque. Une des maladies les plus terribles qui ravageait l’Europe aux XIIe et XIIIe siècles, pendant les croisades, était la lèpre. Cette maladie ne disparut qu’au XVe siècle, après une lente décrue. Pour accueillir les lépreux, rejetés par la société, des établissements spécifiques appelés maladreries ou léproseries furent créés. De tels asiles étaient présents dans plusieurs localités, notamment : Aix-Noulette (1234), Béthune (XIIIe siècle), Chocques (XIIIe siècle, fusionné avec l’hôpital de Lillers), Douvrin, Drouvin, Givenchy-lès-La Bassée, Hénin-Liétard (1170, fusionné avec l’hôpital d’Hénin en 1693), Hulluch (XIe siècle, fusionné avec l’hôpital de La Bassée), La Couture (XIIIe siècle), Lillers (XIIIe siècle, fusionné avec l’hôpital de Lillers), Noeux, Vendin-le-Vieil, Vermelles, Verquigneul et Verquin.

Une interprétation possible du nom de la Rue du Bois Villain pourrait être liée à la présence d’une de ces maladreries, où les malades, souvent perçus comme des « vilains » ou marginaux, étaient confinés.

En 1789, le marquis de Bacquehem du Lietz fut le seigneur de Drouvin.

En 1790, la Révolution française transforme radicalement l’organisation administrative de la France. Le décret de l’Assemblée Nationale du 15 janvier 1790 (complété par celui du 26 février) instaure la création de nouvelles municipalités et organise la division du pays en départements et districts, avec une nouvelle structure politique. Le district de Béthune dans le département du Pas-de-Calais, qui comprend Drouvin, est un exemple de cette réorganisation.

 

Le District de Béthune

Le district de Béthune comprend plusieurs cantons, dont le canton d’Hersin qui inclut des municipalités telles que Aix-en-Gohelle, Angres, Bouvigny, et Drouvin. La population de ce canton est d’environ 8 828 habitants. Chaque commune doit désormais avoir une municipalité élue par ses habitants, avec des responsabilités locales.

Constitution de la Municipalité de Drouvin (1790) : 

(lien du procès verbal a la fin de la section)

Le procès-verbal décrit comment, le 28 février 1790, les habitants de Drouvin se sont réunis en assemblée à l’église pour procéder à la formation de la municipalité selon les nouveaux décrets de l’Assemblée Nationale. Les étapes principales de la constitution de la municipalité de Drouvin sont les suivantes :

1. Nomination des Officiels

  • Président de l’Assemblée : Jean-Louis Patout a été élu président avec 13 voix sur 27 votants.
  • Secrétaire : Liévin Diéval a été élu secrétaire avec 11 voix sur 26 votants.
  • Sénateurs : Trois sénateurs ont été nommés : Louis Valembois (22 voix), François Déprés (16 voix), et Philippe Antoine Bécu (13 voix).
  • Maire : Philippe Martel a été élu maire avec 14 voix sur 26 votants.
  • Officiers municipaux : Pierre-Antoine Lantoine (27 voix) et Philippe-Antoine Bécu (17 voix) ont été élus officiers municipaux.
  • Procureur de la commune : Pacifique Diéval a été élu procureur avec 27 voix sur 27 votants.
  • Notables : Six notables ont été élus, parmi eux Jean-Louis Patout, Nicolas Bécu, Michel Laurent Proniez (curé de la paroisse), et Louis Valembois.

2. Prêt de Serment

Tous les membres élus ont prêté serment devant l’assemblée, s’engageant à respecter la constitution du royaume, à être fidèles à la nation, à la loi et au roi, et à exercer leurs fonctions publiques avec zèle et courage.

3. Nomination du Secrétaire-Greffier

Le 2 mars 1790, lors d’une autre réunion, un secrétaire-greffier a été nommé : Isidore Joseph Valembois. Il a accepté et prêté serment devant les officiers municipaux.

Détails de la Population de Drouvin

La population de Drouvin au moment de la Révolution est décrite comme suit :

  • Hommes : 22
  • Femmes : 26
  • Garçons de plus de 18 ans : 13
  • Filles de plus de 18 ans : 15
  • Enfants de moins de 18 ans : 45

La commune ne semble pas avoir de biens communaux ou de dette, ce qui peut indiquer une situation financière relativement stable à l’époque.

La Garde Nationale

La Garde nationale est une institution importante en période révolutionnaire, et Drouvin ne fait pas exception. Le texte mentionne les habitants inscrits pour le service de la Garde nationale, une force armée citoyenne chargée de maintenir l’ordre public et de défendre la Révolution. Certains noms notables de la Garde nationale incluent des membres de la famille Déprés, Martel, Valembois, et Diéval.

Il est intéressant de noter que la Garde nationale de Drouvin semble manquer d’armement en nombre suffisant, avec seulement deux fusils provenant du magasin de Béthune, ainsi que quelques fusils personnels détenus par les habitants.

L’État des Chemins et Ponts

Le texte mentionne également l’état des chemins et des ponts. À l’époque, l’entretien des infrastructures était un enjeu local important :

  • Chemins : Le quart du centième a été utilisé pour réparer les chemins, mais certains restent encore en mauvais état.
  • Ponts : Le poncelet (petit pont) entre Drouvin et Noeux est mentionné comme étant dans un état passable.

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.offre une vue détaillée de la vie et des transformations à Drouvin-le-Marais, en particulier à travers les siècles, en mettant l’accent sur l’Église, les métiers, l’évolution de la population et l’histoire de l’école du village. Voici une analyse et un résumé des principales informations :

L’Église de Drouvin-le-Marais (Ancien et Moderne)

Le Curé et l’Église à la Révolution

Avant et pendant la Révolution, l’Église avait un rôle central dans la communauté de Drouvin. Le curé Michel Laurent Proniez, âgé de 57 ans, était en poste depuis 1769. Il était également doyen du district, une position de prestige et de responsabilité.

L’Église elle-même avait des revenus d’environ 600 livres, mais ses charges s’élevaient entre 400 et 500 livres. L’établissement était en bon état, et son presbytère également. De plus, la caisse de l’Église était bien approvisionnée, avec environ 150 livres disponibles. Aucun endettement n’était mentionné, et les comptes avaient été rendus en mai 1788.

Les Pauvres

L’Église s’occupait également des pauvres du village, un rôle souvent lié à la charité chrétienne. Le revenu des pauvres était de 150 livres, et les charges liées à l’assistance étaient consacrées à l’achat de vêtements, de souliers, de blé, de viande pour du bouillon, ainsi qu’au paiement d’un chirurgien pour soigner les malades. Cette gestion des pauvres faisait partie des responsabilités des échevins de la commune.

Au XIXe siècle, Drouvin-le-Marais était principalement une communauté agricole.

  • 1820 : Sur 37 maisons, 13 étaient des fermes, et la majorité des habitants (77%) exerçaient des métiers liés à l’agriculture ou des activités rurales comme journalier, garde champêtre, bûcheron, ou manouvrier.
  • 1872 : L’apparition de l’exploitation du charbon modifia progressivement l’économie locale. Le nombre de fermes diminua, et les métiers liés à l’agriculture (cultivateurs, bûcherons) restaient majoritaires, mais des professions industrielles comme bourrelier, charpentier, menuisier et cordonnier devinrent plus fréquentes.
  • 1911 : Une transformation importante s’est produite avec l’arrivée de l’industrie du charbon, et plus de la moitié de la population (63%) exerçait désormais des métiers liés à l’industrie (mineurs, électriciens, maçons, ouvriers).
  • 1946 : Après la Seconde Guerre mondiale, les métiers industriels dominaient encore avec des ouvriers principalement affectés à l’industrie charbonnière, aux usines de briques, et à des métiers spécialisés dans le secteur de la mine.
  • 1987 : L’évolution vers le secteur tertiaire se confirme avec des métiers tels que médecins, enseignants, vendeuses, cadres bancaires, et employés de bureau, représentant 56% de la population active.

L’Industrialisation et l’Apparition des Mines de Charbon

L’exploitation du charbon à Drouvin-le-Marais, débutée au milieu du XIXe siècle, a radicalement modifié l’économie du village. Les premières exploitations minières commencèrent en 1843, et dès 1852, la fosse n°1 de Noeux commença à produire du charbon. L’arrivée des mines a conduit à l’apparition de nouveaux métiers industriels, notamment ceux de houilleur, lampiste, et ajusteur, qui représentaient la majeure partie de la population active au début du XXe siècle.

Avant la Révolution, la population de Drouvin était relativement stable, avec seulement 10 feux (foyers) en 1469. En 1711, sous l’abbé J.P. Mayeur, il y avait 20 feux (environ 81 personnes). La Révolution n’a pas eu un impact immédiat sur la population, mais elle est montée régulièrement :

  • 1790 : 121 habitants
  • 1921 : 384 habitants (pic de population)
  • 1982 : 344 habitants

Patrimoine

L'école de Drouvin-le-Marais

Sous le Régime de Louis-Philippe

Drouvin s’est doté de sa première école en 1842. Les écoles à cette époque étaient souvent payantes, mais le gouvernement de Louis-Philippe sous le ministre Guizot a commencé à prendre des mesures pour l’enseignement primaire. Toutefois, l’école restait inaccessible pour les plus pauvres, sauf si des indemnités étaient versées pour les enfants illettrés.

L’École des Filles et des Garçons

Le 14 novembre 1855, une proposition fut faite pour organiser l’instruction primaire de manière plus structurée. Drouvin se vit alors attribuer une école pour filles, tandis que les garçons fréquentaient l’école de Vaudricourt. Cette division des écoles entre les sexes était courante à l’époque.

L’École et l’Instauration de l’Obligation Scolaire

Après la guerre de 1870, sous la Troisième République, les réformes de Jules Ferry imposèrent la gratuité et l’obligation de l’enseignement, marquant une avancée majeure pour l’instruction publique. La première école de Drouvin fut agrandie en 1899, et des bâtiments annexes, comme des toilettes et une bibliothèque, furent ajoutés en 1926.

L’École et la Guerre de 1914-1918

Pendant la Première Guerre mondiale, l’école fut utilisée pour loger des soldats anglais et plus tard, un camp de prisonniers allemands fut installé à proximité.

Reconnaissance de l’Édifice Religieux

L’église actuelle de Drouvin-le-Marais remplace une chapelle vétuste jugée insuffisante dès 1860. Grâce à deux souscription volontaires et à l’aide de l’État, des travaux de reconstruction furent lancés en 1867 puis en 1869 sous la direction de l’architecte Monsieur Dégez et ont été achevés en 1876.

L’église est entièrement construite en briques, avec quelques éléments en pierre pour les encadrements des fenêtres. La flèche de l’église, en briques, est un élément caractéristique de cette époque, qui s’inscrit dans la tradition des reconstructions néo-gothiques des XIXe et XXe siècles.

 

La Cloche de l’Église de Drouvin-le-Marais

La cloche de l’église, nommée Florentine, a été réalisée en 1881 et porte une inscription qui rappelle son origine et ses généreux donateurs :

  • Parrain : Victor Leclercq, curé d’Auchel
  • Marraine : Florentine Leclercq, épouse d’Albert Leclercq
  • Bienfaiteurs : Charles et Jules Leclercq
  • Fondeur : Paul Drouot, établi à Douai
  • Célébration : Offerte par le curé de Robecq, en mémoire de ses parents, Antoine Leclercq et Florentine Cailleret. L’événement a eu lieu sous l’autorité de M. Désiré Floquet, curé de la paroisse, et de M. Adolphe Taffin, maire de Drouvin.

Cette cloche porte ainsi des liens de famille et de piété, en plus de marquer un événement significatif dans l’histoire de l’église.

 

Les Vitraux de l’Église de Drouvin-le-Marais

Les vitraux de l’église datent de la première partie du XVIIe siècle, en particulier autour de 1602. Leur étude présente un mélange de symbolisme religieux et de générosité de la part des donateurs, avec des références à des aristocrates locaux et des figures importantes.

  1. Verrière représentant un seigneur : La première verrière montre un seigneur de la maison de Nédonchel, avec ses armoiries, ce qui illustre la pratique de rendre hommage à des figures nobles locales.
  2. Verrière de Maistre Nicolas Parentin : La deuxième verrière montre Nicolas Parentin, curé de l’église, avec l’inscription « Priez Dieu pour son âme », un appel typique à la prière pour les défunts.
  3. Verrière de la famille Le Jeune et de Hondt : D’autres verrières commémorent des familles locales, comme Anthoinne de Hondt, écuyer et sieur de la Rosse, et son épouse, avec des armoiries détaillées.
  4. Verrières supplémentaires : D’autres vitraux représentent des scènes bibliques, telles que la Trinité et le Baptême de Jésus-Christ, renforçant le lien entre les croyances chrétiennes et l’héritage des donateurs.

Ces vitraux sont donc à la fois des œuvres religieuses et des mémoriaux de familles influentes, un moyen pour ces dernières de laisser une trace durable dans l’église.

 

Objets Mobiliers de l’Église

En 1984, certains objets mobiliers de l’église ont été inscrits sur l’inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers classés, notamment :

  1. L’autel latéral sud (avec le gradin et l’emmarchement) : Un autel du XVIIIe siècle, en bois sculpté et peint en marron, rehaussé de dorures. Il mesure 0,94 m de hauteur et 1,55 m de longueur, et est situé dans la nef, à l’angle sud-est.
  2. La Vierge à l’Enfant : Une statue en bois et plâtre, dorée et polychrome, datant du XIXe siècle. Cette statue se trouve dans la nef, au retable de l’autel latéral sud.

Ces objets ne sont pas seulement des artefacts religieux, mais aussi des pièces importantes du patrimoine artistique et historique de la région.

Le Monument aux Morts

Le monument aux morts a été édifié après la Première Guerre mondiale pour honorer les soldats de Drouvin-le-Marais tombés au combat. Il a été financé en partie par les habitants du village.

Le monument fut édifié en 1920, et lors de l’inauguration, les enfants de l’école chantaient sur l’air du « Clairon » de Déroulède, à savoir le chant « Gloire à vous soldats de France » qui rend hommage aux soldats, avec des paroles célébrant leur courage, leur sacrifice et leur dévouement pour la Patrie.

De plus, un acte symbolique a été organisé pour célébrer le retour de l’Alsace et de la Lorraine dans le territoire français, avec une élève déguisée en Alsacienne et une autre en Lorraine.

 

Le Chant « Gloire à vous soldats de France »

 

Voici ci-dessous les paroles du chant “Gloire à vous soldats de France” : 

 

Gloire à vous soldats de France

Pleins de cœur et de vaillance 

Dans la lutte et les douleurs  

Aujourd’hui la France donne,  

A ses enfants, la couronne 

Et les suprêmes honneurs

 

Ils ont su donner leur vie  

Pour l’amour de la Patrie

Qu’on voulait mettre en lambeaux 

Et nous donnant la victoire  

Fait passer un vent de gloire

Dans les plis de nos drapeaux 

 

De notre France envahie 

Chassant la fourbe ennemie

Ils arrêtent ses forfaits  

L’orgueilleuse Germanie 

Dans sa rage inassouvie   

Humblement a fait la paix   



S’ils ont eu quelque blessure

Fiers de l’austère parure,

Malgré les nuits sans sommeil

Et la douleur qui les presse

Ils ont su voir sans faiblesse

S’écouler leur sang vermeil

 

Pour délivrer notre France

Ils n’ont pas craint la souffrance

La fatigue et le péril

Ils ont su mourir pour elle

Oui! Pour la France immortelle

Ils sont morts d’un cœur viril

 

II faut qu’auprès de leur tombe

Tout français s’incline et tombe

Très humblement à genoux

Nous leur devons la victoire

Sachons garder la mémoire

De ceux qui sont morts pour nous